Guayaquil (Point Coeur)

Passage au Point Coeur de Guayaquil

 

            Aujourd’hui, nous venons de vivre une des plus belles journées du voyage. Difficilement descriptible, je vais essayer quand même.

            Point Cœur (ici Punto Corazon) a été créé par le Père Thierry dans les années 1990. Aujourd’hui, il existe des communautés Point Cœur un peu partout dans le monde. Dont celui dans lequel je suis passée en Inde chez Capucine, volontaire MEP à Nenmeli. L’idée est d’être présent, disponible, dans une maison au cœur d’un quartier pauvre, voire d’un bidonville.

            Vie communautaire, centrée sur la prière. Visite aux familles du quartier, accueil des enfants. Ne pas chercher à faire, mais simplement à être. Vie centrée sur l’amour du prochain. Les volontaires, après 5 week-ends de préparation en France et après avoir prononcé les vœux de pauvreté, chasteté et obéissance pour le temps de leur mission, vivent 14 mois ou plus dans le pays où ils sont envoyés.

            Le matin : varie selon les jours. Ici : temps avec les sœurs de la charité non loin de là, repos, lessive,… L’après-midi : certains vont visiter les familles tandis que d’autres restent pour accueillir les enfants qui viennent jouer, après un chapelet tous ensemble pour ceux qui veulent s’y joindre.

            Certains sont volontaires, d’autres sont Molokaï (du nom de l’île où fut créé le premier Point Cœur), c’est-à-dire consacrés à la communauté.

            Pour le financement : le volontaire paye lui-même le billet d’avion, et système de parrainage pour le reste, par les proches du volontaire. Celui-ci doit ensuite écrire une lettre tous les deux mois à ses parrains pour rendre compte de sa mission (chose difficile ! car très subjective).

 

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            Après un repas avec Céline, Solange (française) et Mili (argentine) – empanadas, maté et dulce de leche d’Argentine - , PE et moi passons l’après-midi avec les enfants et Solange tandis que Céline et Mili partent visiter les familles du quartier…


            Au début, chapelet en espagnol avec va-et-vient d’Edwin et Tonio. La porte est ouverte. DSC05912Vient qui le souhaite et bientôt, la salle est pleine. Nos balles de jonglage font fureur, et Solange en fabrique de nouvelles à l’aide de ballons de baudruche. Les enfants s’en donnent à cœur joie, notamment Edwin et Adrian qui se débrouillent de mieux en mieux. Un instant, j’ai l’impression d’être en Inde avec les garçons de Royapuram. C’est comme les enfants des rues en Inde, ils semblent avoir besoin d’affection et d’attention. Après le jonglage, dessin, lecture, coloriage,… et il est déjà 6 heures ! Les enfants sortent, mais auraient manifestement aimé rester davantage…


Céline et Mili rentrent de leur tournée. Edith (Molokaï) aussi. Solange nous prépare un café glacé exquis, recette à retenir : café (soluble) + cannelle (beaucoup) + sucre + lait + crème fraîche + glaçons, le tout mixé dans un blender. Un délice !

 

            Edith a passé 6 ans au Point Cœur en Argentine et est arrivée ici il y a un mois. Avant l’Argentine, elle était… en Inde ! A Bangalore ! Elle connaît donc bien le Père Cornu, le P. Legrand, et la maison MEP de Maleshwaram où j’ai passé de si agréables moments cette année ! Elle me parle des whiskys partagés avec le P. Cornu avec une pointe de nostalgie. Elle était au Point Cœur en même temps que Yann Vagneux. Il y avait donc un Point Cœur à Bangalore, mais par la suite il a été transféré à Chennaï afin que les 2 Point Cœur soient plus proches. C’est apparemment le P. Ceyrac qui a fait la demande d’un Point Cœur en Inde du sud. Il fallait l’approbation de l’évêque, ce qui n’était pas gagné, mais quand il a vu avec étonnement qu’Edith parlait le tamoul, il a accepté tout de suite ! Je lui donne donc quelques nouvelles du P. Ceyrac, de Yann Vagneux et du P. Cornu… Ah, que ce monde est petit… Elle m’apprend qu’ils aimeraient créer un point cœur dans le nord de l’Inde. Peut-être Calcutta, ou Bombay, ou autre…

 

            A 19 heures, c’est l’heure de la messe dans le quartier. Il fait encore chaud malgré la nuit tombée. En chemin, les enfants accourent vers nous et se jettent dans nos bras grand ouverts, DSC05927sur notre dos, sur les épaules… Céline et Solange semblent connaître tout le monde, des bras font signes, des sourires illuminent les visages. [...] On doit être totalement déconnecté après une telle expérience. Le retour en France doit faire peur et être difficile. Mais la richesse de ces 14 mois (ou plus) en vaut le coup. Richesse de la pauvreté, comme dirait Sœur Emmanuel. Je crois qu’il faut l’avoir vécue pour comprendre.

            Belle messe, où je rends grâce à Dieu pour cette après-midi si riche en amour partagé. Pour tous ces rires au cœur de la pauvreté et des habits déchirés… PE a Tonio sur les genoux et Céline porte son jeune frère dans les bras. A la sortie de la messe, bonsoirs et embrassades avec les gens du quartier. Craquements de nez et tours d’avion avec les enfants qui nous raccompagnent jusque la maison. Bonsoir à la maman de Tonio.

 

            Puis il est temps de partir, de quitter ce petit paradis, où malgré tout la vie ne doit pas être simple tous les jours, derrière ces rires et cette joie communicative des enfants.


            Guayaquil étant une ville pas très secure, Mauricio (Molokaï) et Céline nous raccompagnent pour trouver un taxi qui nous déposera juste devant notre hôtel… Au revoir à Céline que je reverrai donc certainement à Miami !

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